#368 Restriction du sodium en cas d’insuffisance cardiaque : solution bénéfique ou problème salé?
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- Cinq revues systématiques ont évalué la restriction du sodium alimentaire chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque (de 5 à 17 essais contrôlés randomisés [ECR] regroupant de 479 à 1 683 participants)1-4.
- Focalisation sur la revue systématiques la plus exhaustive1 :
- Restriction du sodium à moins de 2 g/jour dans 11 ECR et à 2 à 3 g/jour dans 6 ECR. L’apport alimentaire dans le contexte des soins habituels variait de 2 à 5 g/jour (lorsqu’il était mentionné) et la durée des essais variait d’une semaine à un an. Treize ECR ont porté sur des patients ambulatoires et quatre, sur des patients hospitalisés.
- Aucune différence significative sur le plan des décès (toutes causes confondues ou cardiovasculaires) ou des hospitalisations (toutes causes confondues ou pour une cause cardiovasculaire).
- La restriction du sodium a augmenté la mortalité et/ou l’hospitalisation dans trois revues2-4 :
- Conclusion attribuable à 2 à 4 ECR des mêmes auteurs qui soulèvent plusieurs problèmes, notamment la communication de données en double, le recours à des médicaments de fond inadéquats, ainsi que l’administration de doses très élevées de furosémide (de 250 à 1 000 mg/jour) et une restriction liquidienne stricte (< 1 L/jour) qui ne sont pas représentatives de la pratique actuelle5,6.
- Focalisation sur la revue systématiques la plus exhaustive1 :
- Focalisation sur SODIUM-HF7, le plus vaste ECR sans insu (806 patients) : Des patients atteints d’insuffisance cardiaque chronique avec n’importe quelle fraction d’éjection (classe 2-3 de la New York Heart Association dans plus de 99 % des cas) et dont l’apport alimentaire en sodium était d’environ 2,2 g/jour au départ ont été répartis au hasard. Ils ont soit obtenu le soutien d’une diététiste en vue d’atteindre un apport de moins de 1,5 g/jour (apport atteint d’environ 1,7 g/jour), soit reçu les soins habituels (apport atteint d’environ 2,1 g/jour). À 1 an :
- Décès, ou visite à l’urgence ou hospitalisation pour des raisons cardiovasculaires : 15 % par rapport à 17 % (soins habituels), aucune différence statistique.
- La restriction du sodium n’améliore pas systématiquement les symptômes d’insuffisance cardiaque ou la qualité de vie1,4,7.
- Théorie de la restriction du sodium : L’activation du système rénine-angiotensine-aldostérone dans l’insuffisance cardiaque engendre la rétention du sodium et de l’eau. Et pourtant, une restriction excessive du sodium pourrait aussi exacerber cette activation5.
- Initialement, un numéro précédent d’Outils pour la pratique a suggéré que la restriction du sodium empirait les résultats, mais a mis en garde contre des ECR erronés. Il a ensuite été mis à jour après la rétractation de la revue systématique originelle qui appuyait cette thèse5.
- Les Canadiennes et Canadiens moyens consomment environ 2,8 grammes de sodium par jour8.
- Les lignes directrices canadiennes actuelles recommandent de restreindre l’apport en sodium à 2 à 3 g/jour, alors que les lignes directrices américaines et européennes recommandent d’éviter un apport en sodium « excessif » sans préciser des quantités9.
- Chez les patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque chronique, la restriction du sodium (< 800 mg/jour) et des liquides (< 800 mL/jour) a accentué la soif sans diminuer les signes ou les symptômes de congestion10.