#326 Des bruits épeurants : atténuation du râle agonique en fin de vie
CLINICAL QUESTION
Des médicaments peuvent-ils réduire l’incidence de sécrétions respiratoires terminales (râle agonique) en fin de vie?
BOTTOM LINE
Les meilleures données soutiennent l’administration prophylactique de butylbromure de scopolamine (BuscopanMC, butylbromure de hyoscine) à des patients qui sont moribonds mais ne présentent pas de râle agonique, réduisant ainsi le nombre de patients chez qui il surviendra (13 % c. 27 % [placebo]). Les données à l’appui du traitement du râle agonique après son commencement sont moins claires : il n’y a pas de preuves qu’un antimuscarinique soit nettement supérieur à un autre ou, peut-être, au placebo. Rien n’indique que le traitement du râle agonique améliore le confort du patient. Il peut toutefois atténuer la détresse des personnes à son chevet. La décision de traiter devrait être guidée par des conversations avec la famille ou le personnel soignant.
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EVIDENCE
Prophylaxie :
- Un essai contrôlé randomisé (ECR) à double insu1 : 162 patients de centres de soins palliatifs sur le point de mourir (selon l’équipe multidisciplinaire) et sans râle agonique ont reçu par voie sous-cutanée 20 mg de butylbromure de scopolamine quatre fois par jour ou un placebo.
- Apparition du râle agonique (score de 2 ou 3 sur une échelle de 3 points, score plus élevé = pire) n’importe quand avant le décès : 13 % contre 27 % (placebo); nombre de sujets à traiter (NST) = 8.
- Événements indésirables (y compris l’agitation, la sécheresse de la bouche ou la rétention urinaire) : aucune différence.
- Un ECR sans insu2 portant sur 132 adultes sur le point de mourir mais sans râle agonique a comparé la prophylaxie à un traitement par l’administration sous-cutanée de 20 mg de butylbromure de scopolamine à l’apparition du râle, puis de 60 mg/24 heures.
- 48 % des patients ont souffert de râle si le traitement avait été amorcé à l’apparition des symptômes, contre 6 % de ceux dont le traitement a débuté avant.
- Quatre revues systématiques3-6 de cinq ECR (de 10 à 333 participants).
- Trois ECR : aucune différence entre l’hydrobromure de scopolamine et l’atropine (1 ECR, 333 patients) ou l’octréotide (1 ECR, 10 patients). Différence peu claire entre l’hydrobromure de scopolamine et le glycopyrronium (1 ECR, 13 patients).
- Deux ECR : aucune différence entre le placebo et l’atropine (1 ECR, 160 patients) ou l’hydrobromure de scopolamine (1 ECR, 31 patients).
CONTEXT
- Le râle agonique se définit par une respiration bruyante causée par la présence de mucosités dans les voies respiratoires supérieures.
- Il survient chez 12 à 80 % des patients durant les 3 derniers jours de vie7.
- Il peut ne pas affliger les patients, mais il peut être pénible pour la famille et les soignants1.
- Parmi les mesures non pharmacologiques, on trouve le changement de position, mais les données à l’appui de cette intervention font défaut5.
- Le butylbromure de scopolamine (BuscopanMD) est disponible par voie sous-cutanée ou orale au Canada.
- L’hydrobromure de scopolamine est différent et peut avoir des effets sur le système nerveux central8.
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